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L’affaire Dreyfus à Rennes

Rennes façade de l'actuel lycée Emile Zola

Une histoire pas si lointaine

1899-2019, 120 ans…Combien de rennais savent que notre ville est intimement liée à l’affaire Dreyfus ? Un certain nombre surement car il y a régulièrement des publications  sur le sujet. Une exposition permanente au musée de Bretagne nous rappelle l’extraordinaire impact qu’a eu cette affaire sur tout le pays au tournant du 20éme siècle.

L’affaire Dreyfus est restée dans les mémoires car elle a divisé le pays et les familles. Une ligne de fracture avec des manifestations  parfois (très) violente s’est créée entre  « dreyfusards » et « anti dreyfusards ». Elle se déroule dans une atmosphère explosive composée  de nationalisme et de haine de l’Empire Allemand suite à la défaite de 1870, d’espionnage, d’honneur de l’armée en tant qu’institution et d’antisémitisme.

Elle jettera une ombre sur l’armée française de l’époque qui s’est enfermée dans le mensonge, la falsification et les faux témoignages pour sauvegarder l’institution. Mauvais calcul car au final cette affaire reste une tache sur l’honneur de l’armée française.

L’affaire Dreyfus en quelques dates

1894 : Accusé de divulgation de documents secrets aux allemands, le capitaine Dreyfus est condamné à la déportation perpétuelle le 22 décembre au terme de son procès devant le conseil de guerre.

1895 : le 5 janvier, Dreyfus est dégradé publiquement dans l’enceinte de l’école militaire à Paris.

1895 : Dreyfus est transféré à l’Ile au Diable en Guyane où il arrive le 14 Mars.

1898 : Le 13 janvier,  Emile Zola publie dans le journal l’Aurore l’article « J’accuse » qui est passé à la postérité.

1899 : Le 3 juin, le jugement de 1894 est cassé par la cour de cassation, l’affaire est  renvoyée devant le conseil de guerre à Rennes.

1899 : A Rennes du 07 Août au 09 septembre se déroule le second procès.  Dreyfus est  reconnu coupable mais avec des « circonstances atténuantes ».

1899 : En septembre, Dreyfus est gracié par le président de la république Émile Loubet puis libéré.

1906 : Dreyfus est réintégré dans l’armée au grade de commandant par la loi du 13 juillet.

1914-1918 : En tant qu’officier de réserve d’artillerie il participe à la Grande Guerre.

1935 : Le 12 juillet, Alfred Dreyfus décède à l’âge de 76 ans.

Le procès de 1899 à Rennes

Rennes a été choisie car suffisamment loin de Paris et accessible en train. Un choix fait sur un apriori de ville calme et paisible. Il n’en est rien. Rennes est une ville très catholique où l’antisémitisme d’origine chrétienne est très répandu. En fait Rennes est une ville majoritairement « antidreyfusarde »  et les passions s’y déchaînent tout autant qu’à Paris.

Dreyfus arrive à Rennes le 1er Juillet 1899 dans une chaleur étouffante. Il est incarcéré dans la prison militaire (à l’actuel emplacement du TNB). Elle est toute proche du « Lycée de garçons » (actuel lycée Émile Zola) avenue de la gare (actuelle avenue Jean Janvier)  où se déroule le procès à partir du 07 Août dans la salle des fêtes.

Les débats se déroulent dans une ambiance surchauffée. Pour preuve l’attentat dont est victime un des défenseurs de Dreyfus  maître Fernand Labori le 14 Août. Sur le chemin du tribunal, un individu lui tire dans le dos. Heureusement le tir n’est pas mortel et l’avocat Maître Labori sera de retour le 22 Août.

Toutes les grandes figures de l’époque viendront à Rennes. Le procès est suivi par de nombreux reporters étrangers dans une ville en quasi état de siège.

Le déroulement du procès est accablant pour Dreyfus. C’est un long défilé de témoins à charge (des militaires). Les conclusions de la cour de cassation sont ignorées. Malgré l’absence de preuves les accusations du premier procès sont reprises,  de nouvelles charges sont retenues. A la fin des débats,  le 09 septembre 1899, une sentence inepte tombe : Dreyfus est condamné à 10 ans de réclusion pour trahison mais avec des « circonstances atténuantes » (trahison et circonstances atténuantes sont incompatibles !!).

A contre cœur mais épuisé par sa détention et les débats, Dreyfus se résout à accepter la grâce du président de la république Émile Loubet sur proposition du président du conseil des ministres Pierre Waldeck-Rousseau. Elle est signée le 19 septembre et Dreyfus est libéré le 21 septembre 1899.

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